jeudi 2 juin 2011


La sieste



Dominique Cros nous fait entrer ici dans le domaine des songes et de l’inconscient.

Une petite fille dort paisiblement, posant sa tête inclinée contre la fenêtre du wagon d’un métro, d’un RER, d’un train de banlieue, que sais-je encore, contre la fenêtre d’un wagon qui se dirige vers les étoiles.

Mignonne, à quoi rêves-tu ? Au magicien d’Oz, à la belle, bien plus puissante et rayonnante que la bête, à ta grand-mère de quatre-vingt-dix ans ? Baignée dans le silence du terminus de ce « train » tu nous pousses à voir en toi la sérénité et la profonde sagesse des « anciens ». Rien, non rien ne peut nous empêcher de voir en toi l’angélisme de la profondeur…

D’où viens-tu, belle petite fille inconnue ? Tu le sais mais tu le noies au contact de la clé des songes, cette clé à jamais ta propriété. Tu nous provoques même, les yeux fermés derrière tes lunettes, Angélique au visage reposé !! Tu nous abandonnes, nous qui courrons comme des dératés dans les couloirs du métro parisien, tu nous laisses à nous-mêmes dans les escalators, dans leurs odeurs de sueur et d’urine.

La beauté du somme, toi seule sais le goûter. Tu ignores notre face de « petites gens » et tu t’élèves, ton âme s’élève au-dessus de la médiocrité parisienne.

Pas de brouhaha, seulement une haleine périodiquement fraîche d’où émane la pureté d’une petite fille qui s’en est allée voir les ombres et les étoiles d’un monde à nos yeux caché.

                        Dors, dors, ma douce, le ciel te conduira là où nous ne serons jamais que des anonymes, des spectres de la foule, des individus lambda.  

                                                                                                



                                                                                                                                                                            G. Chaumet

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