jeudi 2 juin 2011

La vie en 4D


« La vie en 4 D »



            J’ai fumé trois joints de drogue et j’entends les bruits en trois dimensions, génial !

Je suis ingénieur à Air France et mon Q. I. me fait voir la piste de décollage en quatre dimensions. C’est ça la science, le progrès, les nouvelles technologies ! On voit tout et on peut tout faire. Mais il y a des limites tout de même ! Ou bien j’ai bu un verre de trop à l’anniversaire de l’hôtesse de l’air, la divine Sylvie ou bien je suis en proie à un délire pathologique qui nous conduira l’équipage, les passagers et moi vers une catastrophe naturelle puisque maintenant les 4 D font office de norme humaine et mondiale.

Où va-t-on ? Je me le demande. Remarquez, l’avantage d’avoir quatre tableaux de bord qui s’offrent à mes deux yeux me permettent de disposer d’un panorama de la situation terrestre et aérienne unique ou peut-être universelle.

Est-ce moi seulement ou l’humanité entière qui bénéficie ou supporte la vie en 4 D ?

Peu importe. Le boulot avant tout. Vérifications de dernières minutes, voilà… moteurs à réactions visuellement enclenchés et bien disposés… l’équipage est au complet mais qui est ce co-pilote ? Jamais vu. Ou plutôt jamais entendu, triplement entendu. Mais putain, j’ai fumé un joint ou quoi ? Sans m’en apercevoir alors.

C’est ça, c’est exactement ça. L’homme ne s’appartient plus, le progrès le dépasse comme la transcendance gouverne le fumeur de pétards. La transcendance est là, bien là et le pilote doit faire avec. Avec les un, deux, trois co-pilotes, même si l’on ne sait plus à quel saint se vouer, il faut décoller, nom de Dieu !

            Après les trois dimensions courantes et bien acceptées par les Français, il nous faudra faire éternellement avec « la vie en 4 D », éternellement oui car je viens, moi, ingénieur dans l’aviation, sorti premier de l’ENSAE ( Ecole Nationale Supérieure de l’Aéronautique et de l’Espace ), puis pilote de ligne professionnelle, je viens, oui, de m’écraser contre un ciel en béton, le quatrième, juste après le cumulus aux protubérances arrondies au sommet.

Je ne sais que dire. D’ailleurs, je ne peux plus rien dire.

            Me voilà mort et enterré dans un cercueil en 4 D.



                                                                                    G. Chaumet
                                                                                                              ( qui réfléchit déjà en 4 D ). 

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